Un orteil choqué
Nous étions vendredi 14 août, nous voulions profiter un peu, après cette canicule qui nous avait contraint à rester enfermé plus ou moins au frais de la maison. pendant une semaine entière alors que mon époux était en congés.
J'avais organisé une chasse au trésor pour les enfants. La matinée s'est donc déroulée au rythme des énigmes et puis vers 11h le butin fut découvert : un bon petit restaurant en famille. Je voulais également profiter pour aller faire quelques magasins pour trouver des nouvelles baskets pour les enfants et acheter un peu de matériel pour m'occuper avec mes albums photos. Pour cela nous avions donc pris deux voitures, mon mari serait rentré avec le bébé après le resto pendant que je filais avec les grands (on voulait éviter des allers retours pour rien).
Sur la route, je vois dans mon rétro un fou du volant avec un énorme semi remorque.... J'ai donc adopté la sage décision de ralentir pour le laisser me dépasser car la voie se réduisait... J'étais en colère d'un tel comportement dangereux avec un tel véhicule.... Bref, je suis donc arrivée au restaurant un peu frustrée, mon mari aussi avait eu peur à l'approche du camion, il me suivait avec sa propre voiture.
Nous en discutions donc en nous dirigeant vers la porte d'entrée du restaurant. Comme mon époux avait le bébé dans ses bras, c'est moi qui me suis approchée pour ouvrir. Et là, ce fût le drame. A cause de ce covid de m***** je n'ose plus prendre la barre de la porte là où tout le monde a le réflexe de mettre ses mains pour ouvrir, j'ai donc opté pour l’attraper un peu plus haut... Sauf que je n'aurais pas du, ma prise était mauvaise, mon pied trop près.... J'ai senti la "dite porte" s'en prendre à mes orteils dans mes pauvres petites nouvelles sandalettes d'été. Je n'ai rien dit, j'ai reculé mon pied et j'ai commencé à avancer pour que ma petite famille puisse entrer dans le resto. J'ai fait quelque pas et puis je me suis penchée pour voir mon pied car ça piquait un peu. J'ai tout de suite vu mon ongle qui n'avait pas le même aspect que d'habitude.... Il était tout blanc, opaque.... Vous savez quand vous coupez vos ongles le bout qui tombe est bien blanc par rapport à ce qu'il reste sur votre doigt... Et bien là mon ongle était opaque, je l'ai trouvé étrange. J'ai regardé mon époux et je lui ai dit très calmement "je me suis fait mal, mon ongle est bizarre, je crois qu'il s'est retourné". A la maison, lors du "coup" j'aurais surement vociférer dans un langage pas très sophistiqué... Je me suis étonnée moi même par mon calme. Une seconde fois je me penche vers mon pied et là je me coupe la respiration toute seule. Mon ongle n'était plus blanc, je l'ai vu devenir bleu puis noir. Puis un liquide chaud et rouge s'écoula... Oui mon sang. Je n'ai pas intégré l'info tout de suite, je sentais juste la chaleur du sang qui se répandait de plus en plus, formant une mare dans lequel mon pied se trouvait. Mon mari a alors couru vers un employé du restaurant pour demander une trousse de secours. On lui répond qu'il n'y en a pas.
Ensuite c'est un peu confus pour moi.... Je me repasse en boucle la vision de mon ongle opaque puis bleu et noir et le sang. Je me trouve idiote à ainsi salir le sol et ma chaussure. Mon mari me prend par un bras, il parait que j'étais blanche comme une morte. En effet, j'ai eu très très chaud d'un seul coup, je commençais à trembler. L'employé du restaurant n'arrêtait pas de me demander si j'avais mal et en fait il me stressait et a fait venir la douleur que je refoulais jusque là.... On m'a assise sur une chaise, on m'a donné un verre d'eau car j'avais refusé le verre de coca. J'entends que le responsable a appelé les pompiers et je vois plusieurs personnes qui mettent la main à leur bouche à la vue de mon pied toujours dans sa mare de sang. Je me fais la remarque que j'ai le sang épais...On me demande de me diriger vers une table pour attendre les secours, et là je réalise que je ne peux pas bouger mon pied. On me porte à moitié, heureusement le restaurant n'est pas très rempli.... Je me vois sortir mon téléphone pour appeler mes parents, il faudra quelqu'un pour s'occuper de mes enfants, je sais que je vais finir à l’hôpital. Ensuite, je me suis vraiment sentie très mal.... Je ne veux plus qu'on me parle, qu'on arrête de me demander si ça va... Non ça ne va pas, je viens de m'arracher le pied, je vais vomir rien qu'à la vision qui me hante. Je ne crie pas mais une larme coule toute seule, j'ai mal! Les pompiers sont arrivés très vite. On me demande ce qu'il s'est passé, j'explique mais cela me rend encore plus mal. Ma tête vacille. Je suis dans les bras d'un pompier, il demande qu'on me sorte dehors et que je retire ce fichu masque car je ne ventile pas bien. J'entends les questions mais je suis incapable de répondre. Je lutte pour ne pas geindre comme un enfant. Je suis à deux doigts de vomir sur ce gentil secouriste. On me met dans une chaise roulante pour aller jusqu'au camion. L'air du dehors me fait du bien, je reprends ma respiration et mes esprits mais je tremble énormément. Le pompier me dit que c'est le choc, je dois mettre mes mains en croix sur ma poitrine et respirer calmement, on me monte dans le véhicule rouge au néon bleu qui tourbillonne. Et puis j'aperçois ma fille. Elle est en larmes. Je vois aussi mes parents qui ont du voler jusqu'au restaurant.... Je secoue un peu la tête, je ferme les yeux et je me dis "calme toi, concentre toi sur ta respiration". Merci la méditation, j'ai pu reprendre une meilleure contenance. J'ai pu répondre aux questions. On a laissé ma fille monter dans le camion pour que je lui dise de vive voix que j'allais bien. Mes parents sont aussi venus pour voir l"état de mon pied, ma mère me dira plus tard avoir regretté sa curiosité.
On me conduit à l’hôpital le plus proche, à deux minutes en camion..... Mais le tout petit trajet m'arrache des grimaces, chaque choc sur la route est un supplice qui se répand dans mon orteil.Le pompier a essuyé un peu le sang mais je continue d'en mettre partout. Il n'a pas mis de compresse dessus selon les directives de l’hôpital qu'ils ont eu au téléphone. Il m'a enlevé ma sandalette en la sauvant... Il a bataillé, il était à deux doigts de la couper. Mais il a pris son mal en patience et il me la même nettoyé car elle était littéralement couverte de sang.
En arrivant aux urgences le brancard reste coincé dans le camion, décidément ce n'est pas mon jour de chance. Au final après une violente secousse, on me sort, le pompier s'excusait de chacun de ses mouvements. Je ne parlais plus, je me concentrais pour ne pas à nouveau refaire un malaise. En me faisant passer du brancard à la chaise roulante, un des pompiers doit me porter La ceinture de sécurité me tombe... sur le pied! Quand on me demande de bouger les orteils et que je n'y arrive pas j'ai eu de nouveau un élan de panique.... On me demande l’intensité de ma douleur. Je réponds. On me propose un doliprane. Je refuse... Plus tard peut être si je ne supporte plus. (je suis une tête brulée pour ça, j'attends toujours la dernière minute pour prendre ce genre de cachets) L'infirmier regarde mon pied, me verse une tonne de bétadine dessus, cela me soulage de sentir le produit froid... Puis il m'enferme le bout du pied dans un pansement provisoire, je peux aller en salle d'attente,dans laquelle je resterais un bon moment dans mon fauteuil roulant à voir défiler les gens qui arrivent après moi (heureusement je n'étais pas vraiment dans la salle d'attente même avec tous les autres). Les pompiers me disent au revoir, je ne leur en veux même pas des couacs. Je me souviens juste du tatouage sur le biceps de celui qui a sauvé ma chaussure.
Je suis arrivée à 12h30, j'ai fini en salle de soins à 16h.
De longues heures d'attente, le masque sur le nez, à me concentrer pour ne pas faire à nouveau une crise de panique. Je ne voyais plus mon orteil, ça m'a aidé !
J'ai flouté la photo pour les âmes sensibles.... Après avoir été nettoyé...
Un médecin vient voir mon pied, je dois à nouveau expliquer ce qu'il s'est passé. Il me nettoie la plaie car apparemment j'en ai une au bout de l'orteil. Il ne me fait pas trop mal. Il m'annonce qu'en effet l'ongle s'est décroché. Il examine de plus près je serre les dents quand il touche. Il me demande de remuer l'orteil, je dois me concentrer à 2000% pour le faire bouger timidement, même les autres ne veulent pas s'animer. Il me dit qu'il va m’envoyer faire une radio. Il me pose deux strips pour maintenir mon ongle, le cuticule a eu la gentillesse de se remettre en place sous la peau, ils ne me l'enlèveront pas. Quand il appuie je retiens un cri.
Je suis prise très vite à la radio. Et dix minutes plus tard je suis à la sortie des urgences à attendre que mon mari vienne me récupérer. Rien de cassé, juste un ongle qui a pris très cher. Limite je les entends dire "patient suivant..."
Je n'aimais pas d'avance cet hôpital, mon avis ne fut que renforcé. Je ne savais même pas ce que je devais faire dans les jours à venir... Les strips devaient rester en place combien de temps? Devais-je éviter de les mouiller? Pouvais-je marcher? Aurais je des soins à faire? On ne m'a rien dit. Juste de vérifier avec mon médecin pour le tétanos car ils n'avaient pas le temps de me faire une prise de sang.
J'ai donc appeler le secrétatiat de mon médecin traitant qui me rappellera plus tard.
A suivre