Le premier nid
Un matin de cette semaine,le réveil me tire d'un rêve...
Je me lève un peu la tête encore ancrée dans ce songe. Je me retrouvais dans mon premier appartement et je découvrais avec horreur, en compagnie de mon mari, dans quel état pitoyable les nouveaux locataires avaient changé notre premier nid d'amour. Les murs n'étaient plus à la même place, les portes à l'envers...Le papier peint arraché, et j'en passe! Du n’importe quoi, mais c'est le sentiment de tristesse et de nostalgie qui m'a fortement marqué!
J'ai pris mon petit déjeuner avec ce sentiment encore bien présent, la nostalgie prenant de plus en plus de place.
Comme nous l'avons aimé ce premier appartement, comme nous y avons été heureux!
J'ai pleuré quand nous l'avons quitté !!!
Alors après avoir amené les enfants à l'école, je n'ai pu m'empêcher de reprendre le chemin de la rue de cet appartement... Plein de sentiments se sont entrechoqués dans mon cœur et ma tête...Plein de souvenirs aussi.
Je me suis souvenue de notre galère pour trouver notre premier chez nous. Tous ces placards à balai que nous avions visité, prêt à changer de ville, du moment que nous pouvions enfin vivre à deux. Rien ne nous convenait, certaines locations étaient même de grandes farces selon nous!
Nous perdions espoir, de plus les délais d'attente pouvaient être longs.
Et puis, par miracle, nous sommes tombés au bon moment, au bon endroit !!!
Nous avons grimpé les marches, curieux!! C'est la cuisine que nous avons découvert en premier, au fur et à mesure que la propriétaire ouvrait le volet. Avant même de voir le reste, nous étions déjà emballés.... La décision était prise, nous voulions cet appart! Ce rêve éveillé!!!
Un vrai miracle! La proprio nous l'a accordé avant même que nous n'en ressortions.
Nous étions si heureux !! Notre famille n'en revenait pas aussi et en plus nous pouvions rester dans notre ville d'origine! Un joli quartier très calme qui me manque beaucoup !!!
Pendant des années je passais devant sans savoir que cette grande maison serait mon logis pendant trois belles années et que nous tisserions des liens amicaux avec sa vieille dame qui loue l'étage transformé en appartement immense.
Ses grandes fenêtres qui apportait tant de luminosité me manque.. Même ce vieux plancher qui craquait et dont nous n'osions pas fouler les premiers temps de peur de faire trop de bruit. Même cet escalier qui grinçait à chaque pas dès que nous voulions rentrer chez nous.
Je me souviens au début d'avoir entendu des bruits étranges, comme un chien qui aboyait mais enroué, puis de découvrir plus tard que c'était cette pauvre propriétaire qui toussait à cause de son asthme.
Une gentille vieille dame chez qui je descendais faire un brin de causette de temps en temps....
Nos deux enfants ont été conçus là-bas... Notre fils y aura vécu pendant un an et demi, sa sœur pendant deux semaines...
Nous y serions encore si nous n'avions pas eu d'enfants... Nous avons pu y vivre avec notre fils, avec une seule chambre, mais il fallait bien y partir, surtout avec l'arrivée d'un second enfant et notre fils grandissant!
Tant de souvenirs heureux, apaisants sont encore dans ma mémoire... J'ai encore ce pincement au cœur quand nous avons rendu nos clefs et que je n'ai pu retenir mes larmes.
Faire le tour des pièces une dernière fois en se remémorant notre installation.... Je ne pourrais même pas trouver les mots pour décrire mon ressentiment.
Aujourd'hui, j'aimerais pouvoir remonter une fois là-haut pour voir comment c'est devenu, comment les seconds nouveaux locataires, depuis notre départ, ont investi les lieux. Ceux qui nous ont suivi étaient des personnes que je connaissais et que j'avais chaudement recommandé à notre propriétaire. Une fille qui a aussi pleuré quand elle est partie trois ans plus tard....
Aujourd'hui je ne sais pas qui est là, je revois de temps en temps notre bonne vieille mamie qui est toujours ravie de nous voir et qui s'extasie devant nos enfants qu'elle a connu tout bébé et du bon temps quand nous vivions là-bas.
Tout ce joli méli mélo de sentiments ne se sont pas produits pour la maison où je vis aujourd'hui. Maison acceptée par dépit, que j'ai fortement haï mais que j'ai fini par accepter au fur et à mesure et grâce à l'acharnement de mon mari pour le transformer et l'améliorer.
Amèrement je constate que je n'arrive pas à mettre en avant de jolis souvenirs ici.... C'est plus terne que là-bas.... Peut-être qu'avec les années nous arriverons à nous créer de jolies réminiscences. Pour l'instant je ne vois pas ce qui pourrait sortir du lot... Pas de sentiments d’apaisement, de quiétude... Rien, c'est plat.
Ah mon premier nid d'amour... Il me manque... et tout ce qui suivait avec... C'était le bon vieux temps comme on dit !
Et vous, quel souvenir et quel sentiment retenez-vous de votre premier cocon? Des regrets ou soulagé d'en être parti ?